La page ci-dessous traite de l’évolution du traitement de la scoliose au moyen de corsets orthopédiques, ainsi que de son dépistage.
Il est important de relever que les techniques de fabrication se sont beaucoup améliorées au cours des années. A l’heure actuelle, il est bien plus aisé de vivre normalement en portant un corset pour scoliose.
Les nouveaux modèles sont plus légers et sont pratiquement invisibles sous des habits pas trop moulants.
La patiente peut choisir les motifs de son corset parmi de nombreux papiers transfert à disposition. Elle peut ainsi mieux s’approprier son corset et l’accepter comme un partenaire de traitement.
Les corsets utilisés actuellement pour le traitement des scolioses figurent à la page corsets scoliose.
La scoliose, définition et généralités
La scoliose consiste en une déformation complexe du rachis dans les trois plans de l’espace. La colonne s’incurve à droite ou à gauche, mais les vertèbres tournent aussi horizontalement à droite ou à gauche, entraînant des rotations des différents segments du rachis. Cela crée ainsi des gibbosités, qui sont un des signes caractéristiques des scolioses.
L’équilibre cyphose thoracique – scoliose lombaire dans le plan sagittal s’en trouve également affecté.
Les scolioses peuvent être de type idiopathique (sans cause connue), de type neurologique (IMC), ou de type neuromusculaire (myopathie).
Elles peuvent apparaître à la naissance, dans la petite enfance, ou dans la période prépubertaire. Elles touchent essentiellement les filles, qui représentent environ 80 à 90 % des cas.
70 % des scolioses sont idiopathiques, et 10 à 15 % des scolioses dépistées vont vers une aggravation.
Le problème des scolioses est à prendre au sérieux, surtout à l’adolescence, car durant le pic de croissance, les courbures peuvent se péjorer rapidement, entraînant plus tard des répercussions dans la vie d’adulte, avec des conséquences parfois invalidantes.
Les scolioses graves entraînent une déformation des vertèbres dans la concavité des courbures, des pincements des disques intervertébraux, ainsi qu’une diminution de la capacité respiratoire.
L’expérience a montré que les traitements par physiothérapie ne sont pas suffisants pour stopper l’évolution des scolioses avec courbures dépassant les 15 à 20 degrés.
Pour des raisons mécaniques et statiques, une courbure de plus de 25 degrés tend à l’auto-aggravation naturelle.
Depuis plus de 60 ans, le traitement par corset orthopédique a fait ses preuves dans la plupart des cas de courbures de 20 à 45 degrés. Ceci bien entendu pour autant que le port du corset soit respecté.
Historique du traitement de la scoliose en orthopédie technique
Aux alentours de 1780, on commence à traiter les scolioses dans le Pays de Vaud.
Le Dr Jean-André Venel, qui était un précurseur en Europe, dirigeait alors une clinique à Orbe où il traitait les pieds bots et les scolioses de manière conservatrice.
Les armuriers de l’époque, sur ses indications, avaient développé un corset qui présentait déjà tous les principes modernes de correction de la scoliose, c’est-à-dire : extension, dérotation, translation et fixation.
A Lyon dans les années 50, avec la collaboration d’une équipe d’orthopédistes, le professeur Pierre Stagnara met au point un traitement de scoliose protocolé.
Les patients portaient dans un 1er temps un corset plâtré qui était suivi d’un corset avec des valves en plexidur porté 24h/24.
Ils se rendaient une fois par mois au Centre des Massues à Lyon afin de faire contrôler leur corset. Cela leur permettait également de l’enlever durant une courte période, car seule la clinique possédait la clé nécessaire pour ouvrir ce type d’appareillage.
Le Milwaukee, développé aux Etats-Unis dans la ville du même nom, était destiné au départ aux scolioses paralytiques chez les patients qui avaient perdu leur capacité respiratoire.
Puis il a été, et est encore utilisé actuellement mais très rarement chez nous, pour traiter les scolioses idiopathiques, notamment les scolioses juvéniles, dans le but d’éviter les compressions thoraciques pendant la croissance.
Dans les années 75, l’Ecole de Stagnara (Dr Michel) a développé un corset type 3 valves destiné surtout aux scolioses lombaires, fonctionnant essentiellement sur la translation mais sans contrôler la lordose.
Puis dans les années 80, l’Ecole de Boston a développé le Boston-brace. C’est pour des raisons pratiques et de rapidité d’adaptation que les américains ont voulu standardiser ces corsets en 25 modules préfabriqués symétriques, donc déjà correcteurs. En effet, aux Etats-Unis les patients sont souvent très éloignés des centres de traitement, et il fallait donc trouver un système qui fonctionnait sans perte de temps, et qui soit économiquement acceptable. Le principe de ce type de corset, surtout prescrit au départ pour les scolioses lombaires, consiste en une délordose, une translation par adaptation de pelotes au niveau de la gibbosité, et des contre-appuis.
Dès 1990, les américains (corset de Charleston) et les français (corset CAEN’S Corset à Appui Electif Nocturne), en raison du manque de compliance chez de nombreux patients, ont essayé de réaliser un corset en bending (hypercorrection) porté uniquement la nuit. L’expérience n’a pas été concluante, du moins en Suisse romande.
Jusqu’ici, tous ces corsets étaient confectionnés sur la base d’un moulage et d’un positif plâtrés.
C’est depuis 1995 que nous travaillons avec l’Ecole de Cheneau, du nom du professeur Jacques Cheneau de Toulouse, qui a commencé à concevoir son corset à la fin des années 70. Devant le manque de reconnaissance en France, très branchée Ecole Stagnara, il est allé à Münster où il a développé son corset à grande échelle. Celui-ci, qui a beaucoup évolué depuis sa 1ère version, est utilisé à l’heure actuelle par de nombreux centres orthopédiques en Europe.
Ce type de corset travaille dans les 3 plans de l’espace et essaie de respecter les volumes et l’amplitude respiratoire autant que cela se peut.
C’est avec ce type de corset que nous avons fait la transition pour les scolioses idiopathiques entre la prise de mesures plâtrée et la prise de mesures informatisée (CFAO).
Cela fait plus de 10 ans que nous utilisons ce système avec de bons résultats.
Illustration de trois cas – réussites et échecs
Il est important de noter que statistiquement, il y a environ 12 à 15 % d’échecs qui amènent à l’opération (spondylodèse). Le pourcentage restant se partage à peu près à part égale entre une amélioration ou une stabilisation de la courbure à la fin du traitement.
1er cas
Patiente née en décembre 1990.
Lors du dépistage d’une scoliose il est important, surtout à l’approche de l’adolescence, de suivre l’évolution de manière régulière avec des radiographies, afin de déceler toute péjoration qui dépasse les 20° à 25°, ce qui nous amènerait à utiliser un corset pour stopper l’évolution de la scoliose.
L’expérience nous a appris qu’il fallait autant que possible, une correction (RX) de 50 % dans le corset. Ceci comme facteur de la réussite du traitement.
1.1 RX du 17.03.03 – scoliose double courbure – TH. 18° LB. 15°
1.2 RX du 18.08.03 – les valeurs ont passé à TH. 30° LB. 18° – le médecin prescrit un traitement conservateur par corset type Cheneau haut
1.3 RX du 24.09.03 – résultats après un mois de traitement – courbures réduites dans le corset de TH. 30° à TH. 8° et de de LB. 18° à LB. 10°
1.4 Le traitement s’est terminé avec succès après 2 ans, à la fin de la croissance.
2ème cas, histoire d’un échec
Dépistage tardif, double courbure chez une jeune fille née en janvier 1986, réglée tardivement.
2.1 RX du 04.08.00 – TH. 30° LB. 22° – rotation marquée des vertèbres dorsales – prescription d’un corset type Cheneau haut
L’adaptation se révèle difficile car la patiente souffre d’un important problème d’anorexie en plus du problème de scoliose.
2.2 RX du 14.08.00 – premier contrôle avec corset – TH. 16° LB. 16°
2.3 RX du 02.06.01 – TH. 34° LB. 28° – mauvaise surprise, la patiente n’a pas porté son corset dans la plage de temps prescrite (20h/24). Ceci est associé à des problèmes familiaux et à des avis divergents de son ostéopathe.
Le médecin a prescrit un nouveau corset, en essayant de suivre au mieux cette demoiselle. Mais 2 ans après le premier corset, la situation était devenue catastrophique, la patiente refusant toujours le traitement.
2.4 RX du 03.05.02 – la décision d’une intervention chirurgicale est prise
2.5 RX du 14.05.02 – correction obtenue par spondylodèse – TH. 20° LB. 13° – la patiente n’a pas besoin d’un corset postopératoire
Le bilan radio à la veille de l’opération (2.4), nous montre le potentiel d’évolution négative d’une scoliose de 30° à 74° en thoracique (la patiente ne portait plus du tout son corset).
3ème cas
Scoliose thoraco-lombaire chez une jeune fille née en octobre 1987.
Patiente très collaborante, avec une scoliose traitée au bon moment.
Elle fait partie des cas où l’on a constaté une amélioration à la fin du traitement.
3.1 RX du 07.12.94 – thoraco-lombaire 3° – dépistage précoce à l’âge de 7 ans (la maman est infirmière)
3.2 RX du 19.06.02 – scoliose à une courbure – thoraco-lombaire 19°- prescription d’un corset type Cheneau court
3.3 RX du 29.10.02 – corrections obtenues dans le corset de Cheneau après 4 mois – courbure ramenée à 3°
3.4 Corrections obtenues en 15 mois par traitement conservateur – thoraco-lombaire de 19° à 10°
Importance du dépistage systématique
En conclusion, nous n’insisterons jamais assez sur l’importance du dépistage systématique à la préadolescence. Une courbure peut facilement augmenter de 10° à 15° sur une année. On peut considérer qu’il y a une « fenêtre » de 24 mois à ne pas manquer, au pic de croissance de l’adolescence, période où la/le jeune grandit d’un centimètre par mois environ.
Le test est simple à réaliser, par exemple dans le cadre d’un contrôle médical scolaire. Mais il semblerait malheureusement, que pour des raisons d’économie, dans certaines communes vaudoises le contrôle médical dans le cadre scolaire ait été supprimé. Dans le canton de Genève au contraire, un dépistage sérieux a été mis en place en liaison avec l’Hôpital des Enfants et les services médicaux. Appliquer cette systématique de façon généralisée permettrait d’éviter nombre de situations difficiles et lourdes de conséquences pour les jeunes touchés par une scoliose.
Parents : comment dépister la scoliose (vidéo de la Fondation Cotrel )
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